Fille d’un prince roumain et d’une mère d’origine grecque (et pianiste virtuose), Anna de Brancovan fut une mondaine célèbre sous la Troisième République et surtout une grande poétesse.

Elle fut commandeur de la Légion d’honneur et entra à l’Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique, en un temps où l’Académie Française était encore fermée aux femmes.

Née à Paris, elle fit, d’abord avec son frère aîné et sa jeune sœur, puis avec son mari, son fils, ses amis, de nombreux séjours dans la propriété familiale d’Amphion, près d’Evian.

L’Offrande à la nature (Le Cœur innombrable 1901)

L’Offrande à la nature, poème d’Anna de Noailles – poetica.fr

Mariée en 1897 au Comte Mathieu de Noailles, elle eut un fils Anne-Jules et de nombreux chevaliers servants, que son mari supporta avec peine.

De santé fragile, toujours fatiguée, souvent dépressive, elle s’enthousiasmait pourtant facilement, parlait avec volubilité ; l’écrivain Mauriac a évoqué « le vacarme de son monologue ».

Elle éprouva une grande passion pour le romancier Maurice Barrès, avec qui elle échangea de très nombreuses lettres.

Sa vie est rythmée par ses voyages en France, surtout en Savoie (Amphion) et en Alsace, en Allemagne et en Italie.

Après la mort de son père, elle est allée en 1887 en Roumanie et en Turquie (Constantinople l’a beaucoup frappée) avec sa mère et ses frère et sœur.

Anna de Noailles, douée d’une inspiration jaillissante écrivait avec facilité : « Je ne comprends pas qu’on doive peiner pour écrire des vers. Pour moi, jamais je ne rature. L’œuvre jaillit, toute prête. Je n’ai qu’à l’écrire. »

Son premier recueil de vers «  Le cœur innombrable » obtint un très grand succès en 1901 : elle était lancée dans le monde littéraire, même si elle eut ses détracteurs.

Tous les témoins de l’époque parlent de sa culture, de ses mots d’esprit et surtout de son extraordinaire volubilité, qui agaçait parfois, mais le plus souvent plaisait.

Elle publia huit recueils de poèmes, trois romans, des articles dans des revues, une autobiographie intitulée « Le livre de ma vie » et une abondante correspondance, en particulier avec Proust et Barrès.

Les thèmes qu’elle développe dans ses vers sont la fusion avec la nature, l’amour souvent insatisfait et l’obsession de la mort.

Le premier chagrin (L’Ombre des jours)

Le premier chagrin (lespassions.fr)

Elle est très sensible également à la fuite du temps et espère que sa poésie lui survivra.

La Nostalgie / Offrande : 2 poèmes tirés des Eblouissements

Les Éblouissements/La nostalgie – Wikisource

Les Éblouissements/Offrande – Wikisource

Anna de Noailles fut une femme passionnée, exaltée, une poétesse inspirée et soucieuse de reconnaissance.

Appréciée de Colette, de Barrès, de Proust, elle occupa une place de choix dans le monde littéraire de la Troisième République. Célèbre de son vivant, elle vécut en affirmant des sentiments et des idées personnelles, souvent éloignées de sa position sociale. Elle fut par exemple une aristocrate dreyfusarde.