En ce samedi 16 décembre 2024, Nathalie Nolde, diplômée de l’école du Louvre, conférencière et restauratrice d’art, nous a fait voyager dans l’histoire du faux dans l’art, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.

Mais qu’est-ce qu’un faux ? c’est une œuvre réalisée dans le but de tromper un acheteur, et cette pratique frauduleuse tombe sous le couperet de la loi du 9 février 1895 en France.

Le faux existe depuis longtemps. On dit que Corot a peint 3000 tableaux, dont 5000 sont aux Etats-Unis. Sur les 730 œuvres de Rembrandt recensées, on estime que moins de 300 sont réellement de la main de l’artiste. Est-ce que cela signifie que les musées sont remplis de faux ? Non. Le plus souvent, les œuvres sont surtout mal attribuées. On pense qu’un tiers des tableaux dans les musées ont un problème d’attribution.

En effet, les démarches d’authentification des œuvres d’art n’ont évolué que récemment, d’une part, grâce au développement scientifique qui permet dorénavant de mieux dater les matériaux et ainsi déceler les faux, mais aussi grâce à la mise en place de collèges d’experts, spécialisés, qui vont être à même de poser un avis plus juste, mais jamais certain à 100%.

Certaines œuvres peuvent ainsi être déclassées, suite à une analyse précise. Elles peuvent être déclarées de la main de l’artiste, ou « attribuées à l’artiste », ou « de l’atelier de l’artiste », ou même de l’école de l’artiste, c’est à dire réalisées par un suiveur de l’artiste en reprenant son style et sa manière.

En effet, dès la Renaissance, les grands maitres travaillent dans leur propre atelier avec des collaborateurs, des élèves, qui peignent, sous la direction de l’artiste. Celui-ci pouvait apposer sa signature à la fin s’il était satisfait du résultat. Il attestait ainsi de sa présence lors du processus de réalisation. Certains tableaux signés ou non peuvent donc aujourd’hui être réattribués. Ainsi, « la fille au balai », datant de 1651 et conservée au National Gallery of Art de Washington était auparavant considérée comme un Rembrandt, elle est aujourd’hui attribuée à l’atelier de Rembrandt, et peut-être à un de ses élèves : Carel Fabricius.

Karel Fabricius Fille au balai (atelier de Rembrandt van Rijn), 1651, 91×107 cm : Descriptif de l’œuvre | Artchive

Mais qu’en est-il de la copie ? La copie de tableaux fait partie de la formation d’un artiste : il s’agit d’apprendre à travailler la matière, à maitriser des techniques picturales. Ces copies doivent être identifiables, avec la mention « reproduction », elles doivent être dorénavant de taille légèrement différente de l’original.

De nombreux faussaires modernes sont passés de la copie aux faux, en s’attaquant à des artistes moins connus, et en inventant de nouvelles œuvres « à la manière de », tout en les signant comme un original.

C’est le cas passionnant de Wolfgang Beltracchi, surnommé le prince des faussaires, qui a monté avec son épouse un système solide de tromperie des experts. Il utilisait les mêmes matériaux que les artistes visés, créait de superbes nouvelles œuvres et fabriquait de fausses preuves d’identification. Démasqué en 2010 et condamné en tant que faussaire, il vit désormais de la vente de ses propres toiles, ayant acquis la célébrité et la notoriété d’un artiste très talentueux.  

Si la justice a rattrapé les époux Beltracchi, elle va avoir fort à faire dans un avenir proche, avec les nouvelles formes d’Art apparues avec l’Intelligence Artificielle.

La place de l’artiste, la notion d’originalité sont encore et toujours au cœur du sujet du faux dans l’Art.

« Le roman d’un faussaire » David Stein

« F for Fakes » de Orson Wells : F for Fake Orson Welles 1973

Criminels 2.0 – Wolfgang Beltracchi le prince des faussaires – YouTube

https://www.ledevoir.com/index.php/societe/87368/les-aventures-du-faux-la-vengeance-de-hans-van-meegeren?