Série commémoration

Ecologiste avant l’heure, Rosa Bonheur était entourée d’animaux qu’elle affectionnait mais étudiait aussi avec beaucoup d’attention pour reproduire leurs attitudes dans ses tableaux. Elle vit, dans son château de By, avec plus de 200 animaux (moutons, chevaux, chiens, chats, oiseaux, singes …mais aussi 4 lions). Les animaux morts sont empaillés pour ne pas disparaitre complètement. Elle étudie dans les abattoirs les muscles et les os des animaux. Elle peint des races qui n’existent plus aujourd’hui et qui sont rigoureusement authentiques.

En savoir plus : Au château de By tout est resté en place depuis son décès. Château de Rosa Bonheur (chateau-rosa-bonheur.fr)

Avec la guerre en Ukraine, on redécouvre le lent travail de la nature. Durant un an ou plus nous manquerons de blé, l’Ukraine étant le « grenier à blé de l’Europe ». Cela se traduira en occident par un surcoût des pâtes et du pain notamment et dans des pays plus lointains par des disettes épouvantables. C’est cela que montre Rosa Bonheur dans le tableau « le labourage hivernais » : la terre au premier plan , est lourde, riche, pleine de vie. Les bœufs peinent à tirer la charrue. L’un d’eux nous regarde fixement. Rosa Bonheur nous montre les animaux dans leur biotope, tous muscles bandés, avec pour chacun d’eux la recherche de l’expression vraie, l’étincelle de vie dans le regard.

A l’époque de « me too » et des féminicides, Rosa Bonheur nous rappelle ce qu’est une femme libre. Sans jamais militer dans aucun organisme elle sut organiser sa vie pour ne dépendre d’aucun homme.

Très vite elle gagna de l’argent, qu’elle gérait avec compétence. Elle est la première artiste dans l’histoire de la peinture dont le marché de l’art spécule sur ses tableaux de son vivant.

Ses œuvres sont reproduites en estampes afin de mettre l’art à la portée de tous, lui assurant une large diffusion et une notoriété évidente. Elle part en tournée avec son marchand d’art pour faire la promotion de ses tableaux.

Elle a obtenu une autorisation spéciale pour vêtir un pantalon (une « permission de travestissement » renouvelable tous les six mois auprès de la préfecture de Paris), ne s’est jamais mariée et vivait avec une amie. Elle fut la 1ère artiste peintre décorée de la légion d’honneur grâce à l’influence de l’impératrice Eugénie qui l’admirait en tant qu’artiste et que femme.  

Des peintres animaliers, il y en eut beaucoup. Peu eurent son talent. Cézanne disait de sa peinture « c’est horriblement ressemblant » – ce qui n’était pas un compliment- et devant son tableau « Le Marché aux chevaux, » (2,44m × 5 m), visible au MET de New York, la critique s’extasie par ces mots : « C’est vraiment une peinture d’homme, nerveuse, solide, pleine de franchise » – ce qui était une vraie consécration- .

Pour aller plus loin :

https://www.connaissancedesarts.com/musees/fondation-custodia/turner-rosa-bonheur-corot-un-siecle-de-paysages-a-la-fondation-custodia-11168580/

Rosa Bonheur (1822-1899) – 2022-10-18 | Musée d’Orsay (musee-orsay.fr)