Des grottes de Lascaux aux murs de nos rues
Depuis la fin des années 70 en France, des ornements (graffittis, tag, peintures, etc.) ont fait leur apparition sur les murs, les ponts, les boites à lettres et d’autres endroits de nos villes et campagnes. Mais l’origine du street-art remonte à ces années où nos lointains ancêtres laissaient leurs marques sur les murs de leurs grottes ou encore les artistes de l’époque peignaient ou sculptaient les murs des temples et des thermes (Rome et Grèce antiques).
Plus proche de nous, nous avons tous vus des cœurs percés d’une flèche sculptés sur les troncs des arbres des parcs ou des slogans politiques écrits sur les murs lors de contestations politiques ou sociales (Mai 68, la chute du mur de Berlin, etc).
En tant que mouvement artistique, le graffiti se développe tout d’abord aux Etats-Unis fin des années 60, début des années 70. De jeunes adolescents issus majoritairement des quartiers défavorisés écrivent sur les murs, les rames de métro, leurs noms sous forme de lettres stylisées, les colorent. C’est leur manière de revendiquer leur existence et de provoquer une société qui les exclue.
A cette époque, pas d’internet, ni de réseaux sociaux. Ces œuvres ne traversent pas l’Atlantique en un clic. Ce mouvement arrive en France quelques 10 ans plus tard car de jeunes étudiants de milieux fortunés le rapportent dans « leurs valises » à la suite de séjours aux Etats-Unis.
Le street-art s’internationalise. Il a aujourd’hui une cinquantaine d’années d’existence et est enseigné dans les écoles d’art.
D’art générationnel, l’art urbain devient un art contemporain.
Street-art, graffiti ou tag ?
Le graffiti, c’est jouer avec les lettres en les déformant à l’excès, en les stylisant, en les ornementant. Les graffeurs jouent avec les lettres comme les Cubistes ont déstructuré l’image.
Le tag est leur signature, écrite d’un seul geste rapide.
Graffiti et tag ayant une image péjorative, le terme de street-art a été créé par les galeristes, journalistes et marchands d’art.
De la craie à la mousse végétale
Les techniques utilisées par les street-artistes sont nombreuses. La craie, très écolo mais dont la durée de vie est conditionnée à la première pluie ; la bombe aérosol, nettement moins éphémère mais plus polluante ; le pochoir ou le multilayer (successions de couches de pochoirs) ; le collage ; la mosaïque.
Arrêtons-nous un moment sur trois techniques.
Le portrait de Marion Cotillard visible sur les berges du canal de l’Ourcq est de l’hyperréalisme (reproduction à l’identique d’une image en peinture). L’artiste BK Foxx a travaillé d’après une photo des studios Harcourt.
Pour ceux qui se sont promenés du côté de l’hôpital Necker à Paris, les portraits d’enfants malades sculptés dans les murs visibles de leurs chambres ont été réalisés au burin, au marteau-piqueur et même à la dynamite par Vhils. C’est le scratching.
Et enfin, comme le street-art est ouvert à toutes les générations, le tricot urbain habille de couleurs et de douceur le mobilier et même les arbres de nos villes.
Enfin, la mousse végétale consiste à coller de la mousse sur les murs avec une substance fabriquée manuellement à base de lait. L’œuvre vieillit avec le temps, la couleur verte s’estompe et la mousse desséchée se détache. Cette technique serait très écologique s’il n’était pas interdit de prendre la mousse en forêt (elle protège la biodiversité de nos forêts).
Street-art : art ou vandalisme ?
Difficile de trancher ! Pour certains, le désir de provoquer, de sortir de la légalité est leur moteur. La performance les motive : ils se lancent des défis : toujours plus haut, toujours plus vite. L’adrénaline est leur moteur. La rue, les murs, les tours leur offrent un terrain d’expression illimité.
D’autres, au contraire, cherchent la reconnaissance et la diffusion de leurs œuvres. Ils se font connaître auprès des galeries d’art et reçoivent également des commandes de municipalités, d’entreprises.
Ils touchent des rémunérations de l’ADAGP (équivalent pour l’image de la SACEM pour la musique) lorsque leurs œuvres sont utilisées dans des publicités, films, ou autres.
Alors, lors de vos promenades, ne vous privez pas de photographier toutes ces œuvres qui attirent votre regard, mais faites-en un usage juste personnel…