Saint-Leu-la-Forêt dans le Val d’Oise est une commune dénommée Napoléon-Saint-Leu sous le Second Empire (alors en Seine-et-Oise). Avant la révolution le village de Saint-Leu-la-Forêt comprenait deux châteaux : le château d’en haut et le château d’en bas édifié en 1693.
En 1804 Louis Bonaparte et son épouse Hortense de Beauharnais, belle-fille de l’empereur (membres de la jet set napoléonienne) achètent les deux châteaux, démolissent le château d’en haut et unissent au château d’en bas les deux domaines formant un parc de 80 hectares. Après la séparation du couple (ayant régné sur la Hollande de 1806 à 1810) en 1810 la reine Hortense conserve Saint-Leu et y donne de brillantes fêtes dans le théâtre de 400 places où accourt la société parisienne. En 1814 le roi Louis XVIII titre Hortense duchesse de Saint-Leu mais celle-ci doit abandonner Saint-Leu en 1815 après les Cent Jours et en 1816 les Condé, propriétaires de la forêt de Montmorency, récupèrent le domaine du château subsistant d’en bas.
Louis VI Henri de Bourbon-Condé, prince de Condé (né en 1756), père du malheureux duc d’Enghien (Enghien se trouve dans le Hainaut en Belgique) fusillé dans les fossés de Vincennes en 1804 et unique représentant subsistant de sa maison, s’installe au château d’en bas avec sa maîtresse la « baronne de Feuchères » (courtisane britannique dénommée Sophie Dawes, 1790-1840). Le 27 août 1830 le dernier prince de Condé est retrouvé pendu à l’espagnolette de la fenêtre de sa chambre fermée de l’intérieur au premier étage du château d’en bas (seul subsistant) bien que ses pieds touchent le sol. Il se serait agi d’une acrobatie érotique et bien que la « baronne » ait été soupçonnée elle ne sera pas poursuivie par la justice de la Monarchie de Juillet (!). Elle devra quitter la région en butte à l’hostilité des habitants et vendre rapidement le château que lui avait entre autres légué son amant.
A la Restauration les Bourbon-Condé s’étaient installés à Saint-Leu car le château ancestral de Chantilly était presque inexistant depuis les ravages de la révolution hormis le vieux logis et ne sera reconstruit que dans les années 1870 par le duc d’Aumale.
Hypothèse au sujet du mystère de Saint-Leu : Le dernier prince de Condé légua son immense fortune au petit duc d’Aumale (1822-1897) par l’entremise de la baronne de Feuchères car les Orléans étaient les cadets de la maison de Bourbon dont eux-mêmes étaient les benjamins mais à la suite des Trois Glorieuses des 27, 28 et 29 juillet 1830 le duc d’Orléans devint roi des Français sous le nom de Louis-Philippe I tandis que les aînés des Bourbon durent s’exiler. Le prince de Condé envisagea dès lors lui aussi l’exil et déshériter les Orléans mais l’accident mortel du 27 août 1830 l’en empêcha. Cet épisode ne dura qu’un mois du 27 juillet au 27 août 1830 et la « baronne de Feuchères » en ressortit innocente et excessivement riche.
En l’église paroissiale de Saint-Leu (Saint-Gilles)-la-Forêt reposent le père roi Louis I de Hollande ainsi que les deux frères aînés de l’empereur Napoléon III et jusqu’en 1951 y reposa le père de l’empereur Napoléon I avant son transfert à Ajaccio.
En savoir plus sur l’énigme de St Leu :
Au cœur de l’Histoire: L’énigme de Saint Leu (Franck Ferrand) – YouTube