Compte rendu de la conférence de William Blanc du 12/10/2025

D’où vient que partout dans le monde les animaux fantastiques et plus particulièrement le mythe des dragons s’est développé ?

Une première explication serait que la souche originaire d’Homo Sapiens venue d’Afrique ait développé une crainte des sauriens et qu’ayant essaimé dans le monde entier, elle a véhiculé cette frayeur.

Une autre explication, plus crédible, est que face aux éléments parfois déchainés (crues, éruption, tonnerre, tremblement de terre, …) l’imaginaire humain a créé des monstres pour les personnifier et essayer -peut-être- de les dompter.

Pourquoi une forme serpentine à tous ces monstres ?  Sans doute à cause du fleuve qui alimentait chaque agglomération humaine et qui était susceptible de crues dévastatrices et donc effrayantes.

Car le dragon est d’abord une figure aquatique et ce n’est que tardivement qu’on lui a fait cracher du feu.

Avec la bible le dragon prend une forme satanique. Il représente le mal. La forme serpentine renvoie évidemment au serpent tentateur du jardin d’Eden.

Au moyen-âge les saints tueurs de dragons sont légion. Certains d’entre eux sont représentées comme des chevaliers templiers combattant l’hérésie musulmane.

Au 19ème siècle, on découvre les premiers fossiles (~ 1840) et le dragon leur est assimilé. De forme monstrueuse donc, le dragon représentera l’ennemi : l’allemand en 1914 par exemple. Bien évidemment les allemands traitaient de même les français.

Tolkien qui a combattu durant cette guerre décrit le dragon … comme un tank !

Dans le monde moderne, dompter le dragon, c’est montrer la force de l’être humain qui, par sa technique, domine la nature et le monde.

Mais avec le temps, le dragon est perçu comme une nature perdue à protéger et à retrouver. Il aide à vaincre l’industrialisation à outrance qui se retourne contre l’humanité. 

Puisqu’il combat la technologie, le dragon devient écologique et donc sympa !

Il devient ainsi à l’image du dragon dans la mythologie asiatique. En effet, le signe astrologique du dragon est considéré comme le plus bénéfique en Chine, et ceux qui sont nés cette année-là sont appelés à un destin hors norme. Hélas, cela n’arrive que tous les 12 ans !

  • – Absalon Patrick, Gourarier Zeev, Hoch Philippe (dirs.), Dragons : au jardin zoologique des mythologies, éditions Serpenoise, Metz, 2005.
  • – Bost-Fiévet Mélanie, « Dragons », dans Anne Besson, William Blanc Vincent Ferré, Dictionnaire du Moyen âge imaginaire, Paris, Vendémiaire, 2022, p. 120-123.
  • – Blanc William, « Le Dragon, une légende de la Grande Guerre », Retronews, 8 juin 2022.
  • – Blanc William, Winter is coming, une brève histoire politique de la fantasy, Paris, Libertalia, 2023 [2019].
  • – Blanc William, « L’illustration de fantasy : un sublime de la confrontation entre monstruosité et barbarie, d’Edmund Burke à Frank Frazetta», dans Anne Besson, Florent Favard, Natacha Vas-Deyres (dirs.), Fantasy & médias, Actes du colloque des Imaginales 2022, Chambéry, ActuSF, p. 21-46.
  • – Bouillon Hélène (dir.), Animaux fantastiques, Gand-Lens, Snoeck-Louvre Lens, 2023
  • – Bouillon Hélène, Une histoire des animaux fantastiques, Paris, PUF, 2023.
  • – Buschinger Danielle, Spiewok Wolfgang (dirs.), Le Dragon dans la culture médiévale : colloque du Mont-Saint-Michel, 31 octobre-1er novembre 1993 / Centre d’études médiévales, Greifswald, Reineke, 1994.
  • – Charpier Marion, Le dragon médiéval. Physiologus, encyclopédies et bestiaires enluminés (VIIIe-XVe s.) : Texte et Image, thèse de doctorat, EHESS, Paris, 2020.
  • – Dehoux Esther, Saints guerriers : Georges, Guillaume, Maurice et Michel dans la France médiévale (XIe – XIIIe siècles), Rennes, PUR, 2014.
  • – De Palmas Jauze Daisy, La Figure du dragon : des origines mythiques à la fantasy et à la dragon fantasy anglo-saxonnes contemporaines, thèse de doctorat, université de la Réunion, Saint-Denis-de-la-Réunion, 2010.
  • – Didi-Huberman Georges, Garbetta Riccardo, Morgaine Manuela, Saint Georges et le Dragon : versions d’une légende, Paris, A. Biro, 1994.
  • – Herbreteau Lucie, De l’animal à la divinité : le dragon dans la littérature médiévale anglaise, entre réappropriation mythologique et création d’une nouvelle figure mythique, thèse de doctorat, université d’Angers, Angers, 2014.
  • – Le Goff Jacques , « Culture ecclésiastique et culture folklorique au Moyen Âge, saint Marcel de Paris et le dragon », dans Id., Pour un autre Moyen Âge. Temps, travail et culture en Occident, Paris, Gallimard, 1977 [1970], p. 236-279.
  • – Privat Jean-Marie (dir.), Dans la gueule du dragon : histoire, ethnologie, littérature, Sarreguemines, Éditions Pierron, 2000.
  • – Privat Jean-Marie (dir.), Dragons, entre science et fictions, Paris, CNRS éditions, 2006.
  • – Anne Besson (dir.), William Blanc (dir.) et Vincent Ferré (dir.), Dictionnaire du Moyen Âge imaginaire : le médiévalisme, hier et aujourd’hui, Paris, Vendémiaire, coll. « Dictionnaires », 2022, 465 p. (ISBN 978-2-36358-389-5, présentation en ligne [archive]).
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  • – William Blanc et Christophe Naudin, Charles Martel et la bataille de Poitiers : de l’histoire au mythe identitaire, Montreuil, Libertalia, 2015, 328 p. (ISBN 978-2-918059-60-8 et 2-918059-60-9, OCLC 906029230).
  • – William Blanc, Justine Breton et Jonathan Fruoco, Robin des Bois. De Sherwood à Hollywood, Montreuil, Libertalia, 2024, 432 p. (ISBN 978-2-37729-351-3).
  • – William Blanc, Aurore Chéry et Christophe Naudin, Les Historiens de garde, De Lorànt Deutsch à Patrick Buisson, la résurgence du roman national, Paris, Inculte, 2013, 224 p. (ISBN 979-1091887083).
  • – William Blanc et Christophe Naudin, Grandes et petites phrases de l’histoire, Éditions Garnier, 2017, 92 p. (ISBN 978-2-35184-185-3 et 2-35184-185-9, OCLC 1010278956).