Certes la station de Deauville a été mise à la mode par le duc de Morny, demi-frère utérin de l’empereur des Français Napoléon III sous le Seconde Empire mais quarante ans plus tôt en 1822 les bains de mer font leur apparition pour la première fois en France à Dieppe, traditionnel port de pêche, et dès cette année 1822 la première Société Anonyme des Bains de Mer de Dieppe est créée. L’établissement coquet entouré de jardins édifié en bordure de plage est baptisé Caroline en l’honneur de la duchesse de Berry, belle-fille (veuve depuis 1820) du roi Charles X, qui l’inaugure en 1824 et y séjournera chaque année jusqu’à la révolution de 1830. Un charmant petit théâtre de 300 places est édifié en 1825 en front de mer en l’honneur de la princesse afin de rendre agréable ses villégiatures maritimes ainsi qu’un casino. Ce phénomène balnéaire, les hommes et les femmes devant occuper la plage à des emplacements différents, s’amplifiera sous la monarchie de Juillet puis surtout lorsque le chemin de fer atteindra Dieppe en 1848 (six heures de trajet de l’embarcadère de Saint-Lazare à Dieppe).
Des villas aristocratiques sont édifiées en front de mer à partir de 1835. On se baignait tout habillé, en descendant de cabines à roulettes qui étaient tirées jusqu’à l’eau. L’engouement ne fit que s’accroitre jusqu’à ce que Deauville prenne la relève vers 1860.
Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, 1798-1870, épousa en 1816 le prince Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry, second fils du roi Charles X, lequel sera assassiné en 1820 tandis qu’elle sera enceinte de « l’enfant du miracle » le futur comte de Chambord, « roi Henri V » (1820-1883) dernier espoir de survie de la branche aînée de la maison de Bourbon lequel décèdera sans laisser de postérité.
Ainsi Dieppe sera le témoin des derniers feux de la légitimité dynastique en France devant laisser la place dès 1830 à la Monarchie de Juillet en la personne du duc d’Orléans, roi des Français, Louis-Philippe I (roi de 1830 à 1848).