Le Moyen Age est presque toujours représenté sous un jour négatif. En témoigne le film « les visiteurs » qui, sans avoir de visée culturelle, déploie tous les stéréotypes du genre : les héros sont sales, vulgaires et ne pensent qu’à guerroyer. Dans une série comme Kaamelott les couleurs n’ont que 2 teintes : le gris ou le brun, le tout sous un ciel perpétuellement nuageux ou pluvieux.
La réalité est tout autre : depuis l’antiquité tout n’était que pigments colorés. Nos églises, bien grises aujourd’hui, étaient bariolées de couleurs criardes et si les pauvres gens ne pouvaient se vêtir de teintes resplendissantes c’était plus affaire de moyens que de goût. Le pourpre coûtait cher et certains bleus également, mais a contrario les jaunes, les verts, les orangers étaient fréquents.
Mais pourquoi un tel discrédit sur cette période ?
Cela vient essentiellement de la Renaissance. La redécouverte de l’art antique a fait sombrer la période postérieure dans une phase inconnue et donc mal comprise : l’âge moyen.
Au 19ème apparut une certaine fascination pour cette période : « Ivanhoé » et « Notre dame de Paris » en sont l’illustration parfaite.
A cette époque culminent les erreurs de traduction / compréhension. Ainsi par exemple le droit de cuissage n’a jamais existé. Mais l’erreur ayant été faite et étant largement partagée, revenir dessus devenait impossible. Idem pour la ceinture de chasteté qui est une invention pure et simple.
Les réalisateurs de séries et films se conforment à cet inconscient collectif imaginaire pour ne pas trop désorienter leurs spectateurs.
Au XXème siècle le genre médiéval est à la mode et s’inspire largement d’œuvres littéraires : « les rois maudits » de Maurice Druon, « le nom de la rose » d’Umberto Ecco, « les piliers de la terre » de Ken Follet.
C’est là quelques-uns des points essentiels développés le 18/02/2024 par notre conférencière Justine Breton, maître de conférences en littérature française à l’université de Reims Champagne-Ardenne.