Série une oeuvre, un auteur

C’est une histoire d’amitié, d’un long compagnonnage de 13 ans entre un homme et son chien. Et parce que chaque relation entre un humain et son animal est riche d’enseignements et singulière, ce récit nous en dit beaucoup sur ce lien si particulier.

Comme tout compagnonnage, celui-ci commence par une rencontre, celle d’un humain et d’un tout petit bouvier bernois de quelques semaines, un pacte scellé au premier regard échangé « parce que c’était lui, parce que c’était moi ».

Après vient la découverte, celle de l’intimité qui nous lie à ceux qui nous accompagnent au long cours. La révélation progressive de deux personnalités, comment elles finissent par s’ajuster dans un échange permanent centré autour de l’acceptation et du respect de l’autre. Ce que l’on apprend en vivant avec un animal et ce que nous lui transmettons avec humilité, dévouement, la façon dont le regard change sur notre entourage et notre perception de la nature en étant simplement attentif à ce qui passe par les yeux, les expressions corporelles, l’instinct d’un chien à l’écoute du monde et en communication permanente avec l’humain dont il partage la vie.

Des ajustements, des bonheurs intimes, des moments d’angoisse, des explosions de joie, des échanges qui agrandissent le monde et cette inépuisable tendresse qui nourrit et renforce le lien au fil du temps.

La fin est bien sûr déchirante et l’auteur ne l’élude pas mais si Ubac (le nom du chien) ne le savait peut-être pas, lui, avait inscrit dans leur parcours commun la brièveté de la vie animale ; cela n’affaiblit pas la douleur de la perte d’un être irremplaçable ; il restera les souvenirs, la trace indélébile de son passage sur la terre et le manque lancinant du bruit de ses griffes sur le plancher et de « son odeur après la pluie »

Une belle écriture classique, voire recherchée, sans anthropomorphisme ni mièvrerie mais émaillée de réflexions profondes sur la façon dont l’animal perçoit le monde et l’humain, des questionnements sur la place que nous lui accordons, sur la transmission mutuelle d’un savoir, l’un donnant à l’autre sa meilleure part d’humanité et l’autre sa plus pure part d’animalité.

Une belle préface de Jean-Paul Dubois précède la lecture de ce roman émouvant.

Un petit goût de vie !

« Ubac s’émerveille de tout, d’une chenille, du vent dans les arbres, de ce qu’on ne voit plus. Il ne laisse rien passer de ce qui pourrait lui animer la vie. Sa faculté à s’émerveiller est un antidote au désenchantement, elle n’exige aucun strass, c’est assez vital en somme, tous les grognons devraient passer une heure avec un chien ». Son odeur après la pluie.

Né en 1975, Cédric Sapin-Defour est journaliste, auteur et alpiniste. Il vit en Savoie et conjugue ainsi son métier et sa passion pour la montagne. Il collabore régulièrement au journal Libération et publie un billet d’humeur hebdomadaire sur la revue en ligne Alpine Mag.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages :

« Le dico impertinent de la montagne » (2014), « Qu’ignore-je ? L’alpinisme » (2016), « Gravir les montagnes est une affaire de style » (2017), « Les 7 vies de François Damilano », sa première biographie en 2018.

Son odeur après la pluie (liseuse-hachette.fr)